Le samedi 14 juin 2025, le Futuroscope a inauguré Mission Bermudes, sa nouvelle attraction aquatique et dernier grand investissement de son plan « Vision 2025 ». En cinq ans, ce programme de transformation aura mobilisé plus de 300 millions d’euros d’investissements, donné naissance à trois attractions majeures (Objectif Mars, Chasseurs de Tornades et Mission Bermudes), deux hôtels thématisés (Station Cosmos et Ecolodgee), l’Aquascope (un parc aquatique indoor) et fait de Futuroscope Xperiences un véritable Resort de niveau européen. Mission Bermudes est donc censée venir clôturer en beauté le plan « Vision 2025 » du parc, mais que vaut réellement cette attraction ? Éléments de réponses dans cet article.

Pensée comme un film d’aventure grandeur nature, Mission Bermudes embarque les visiteurs dans une mission de sauvetage à haut risque au cœur du célèbre Triangle des Bermudes. Il s’agit d’une zone située au large de la côte Atlantique sud-est des États-Unis, dont le périmètre forme un triangle reliant Miami, Porto Rico et les Bermudes. Ce secteur a acquis une renommée mondiale à cause des disparitions inexpliquées de plusieurs centaines de bateaux et d’avions. Depuis plus de cent ans, ce phénomène intrigue, suscitant à la fois fascination et spéculations. Les hypothèses pour expliquer ces mystères abondent : tempêtes inattendues, perturbations magnétiques, vagues monstrueuses ou encore théories paranormales. Ce lieu mythique, qui alimente depuis des décennies l’imaginaire collectif et le débat dans la communauté scientifique, a inspiré le Futuroscope pour créer une aventure haletante, où le mystère devient matière à exploration.

Ici l’immersion ne passe pas par l’image, mais par des décors physiques impressionnants, des effets sensoriels saisissants (brume mystérieuse, explosions spectaculaires, rapides tumultueux, etc.) et une mise en scène dynamique. Il s’agit de la première attraction de grande envergure intégralement extérieure proposée par le Futuroscope. L’expérience se vit à bord de « Rocking Boats », des véhicules hybrides développés par le constructeur Mack Rides et spécialement personnalisés pour le Futuroscope. À mi-chemin entre la montagne russe et l’attraction aquatique, ces bateaux hybrides offrent une expérience sensorielle inédite, aussi bien sur l’eau que sur terre. Lorsqu’ils entrent dans l’eau, les bateaux donnent l’illusion de flotter librement et c’est réellement bluffant ! En réalité, ils sont guidés avec précision par des rails immergés dans l’eau. Dans ce nouveau système de conduite, la coque du bateau est reliée à un châssis connecté à ces rails au moyen d’un pantographe (sorte de barre métallique articulée). Cela permet au bateau de faire des virages serrés et inattendus, de reproduire également des effets comme le tangage ou le roulis, pour procurer une sensation authentique de flottaison comme dans un véritable bateau. Capables d’accélérations puissantes, de mouvements de recul ainsi que de montées et de descentes dynamiques, les bateaux offrent une palette de mouvements variés et surprenants. Dans la section rafting, le réalisme est poussé encore plus loin : les bateaux, guidés par les rails, avancent uniquement grâce à la force du courant, alimentée par des pompes puissantes déversant jusqu’à 8000 litres d’eau par seconde. Que l’on soit un visiteur lambda ou un passionné de parcs, il est quasi impossible de comprendre le fonctionnement technique de l’attraction, au moins la première fois, et c’est le véritable tour de force de Mission Bermudes : faire oublier la technologie utilisée au profit de l’expérience globale.

© Futuroscope / Olivier HERAL

Les bateaux de Mission Bermudes bénéficient, en plus de la technologie innovante du « Rocking Boat » (une première mondiale), d’un système de propulsion par LIM (Linear Induction Motor), un type de moteur électrique généralement utilisé pour propulser des montagnes russes sans chaîne ou catapulte. Au lieu de tracter les bateaux avec un câble ou une chaîne, le LIM utilise des champs magnétiques. Des électroaimants sont disposés sur les rails du circuit et des plaques métalliques sont fixées sous les bateaux. Les champs magnétiques générés permettent de tracter les bateaux et de les faire accélérer très rapidement.

© Futuroscope / Mack Rides

De quoi ça parle ?

Dépêchée par l’agence Atlas, spécialisée dans l’analyse topographique de sites marqués par des anomalies scientifiques, une équipe de trois explorateurs a été envoyée en mission dans le Triangle des Bermudes. Leur objectif ? Percer les secrets de cette zone géographique tristement connue pour les nombreuses disparitions inexpliquées d’avions et de bateaux qui s’y produisent. Mais sur place, tout bascule. Un à un, les membres de l’équipe disparaissent et quand les visiteurs arrivent dans le camp de base, il est désert ! Dès lors, ils vont devoir partir en expédition à la recherche des explorateurs disparus.

© Futuroscope

La découverte du camp de base

Depuis de nombreuses années, le Futuroscope est devenu un spécialiste de la création d’expériences immersives dès le début de la file d’attente. Mission Bermudes n’échappe donc pas à la règle ! D’ailleurs je vous conseille de bien profiter des différents éléments proposés pendant votre attente, car ils seront utiles pour une meilleure compréhension de l’histoire. La première partie de la file d’attente permet d’avoir plusieurs points de vue sur le début du parcours aquatique et la chute finale, notamment grâce à deux passerelles judicieusement placées.

Puis les visiteurs pénètrent dans le camp de base de l’équipe Atlas. Dans le laboratoire de la mission, parmi des relevés topographiques, des dispositifs étranges témoignent des expériences menées par les scientifiques sur des échantillons trouvés dans les Bermudes. Dans de petites pyramides de verre, s’écoule un fluide qui réagit aux ondes magnétiques en formant des pointes noires s’agglutinant entre elles. Tout près une boussole s’affole et, toujours à proximité, une mystérieuse forme lumineuse apparaît, suggérant une possible présence extraterrestre dans le Triangle des Bermudes. Un peu plus loin, dans un garage de fortune, un buggy d’exploration est en cours de préparation encerclé d’outils épars, ce qui témoigne d’une intervention mécanique interrompue à la hâte. À l’extérieur, un autre buggy attend, prêt à partir en mission dans le Triangle des Bermudes. Au départ du camp de base, l’agence Atlas a mis à disposition des visiteurs plusieurs embarcations, chacune pouvant accueillir un équipage de dix personnes. Avant de prendre le large, il faut écouter attentivement les instructions de l’agent Morel, responsable de la mission qui explique les consignes de sécurité à respecter. Un fois dans le Triangle des Bermudes, elle guidera les visiteurs à distance par radio. J’en profite pour préciser qu’il est impossible d’emmener son sac dans le bateau. Une consigne est à disposition sur le quai d’embarquement, mais la gestion est calamiteuse : casiers trop petits et non sécurisés. Il risque d’y avoir des détériorations ou des vols. Pourquoi ne pas avoir prévu un système de casiers sécurisés à l’entrée de l’attraction ? Ou un système de gestion automatisée comme il en existe plein sur les grandes montagnes russes ?

Cap sur le Triangle des Bermudes

Le parcours débute par l’exploration du sud-est de l’île des Bermudes, là où la mer se resserre entre d’imposants rochers émergés. Après avoir contourné les derniers rochers, les visiteurs entament alors une transition vraiment surprenante entre mer et terre. Le bateau s’élève hors de l’eau et regagne la terre en montant à flanc de coteau pour s’enfoncer dans une jungle plongée dans la brume, d’où émergent quelques carcasses d’avions.

Dans le tumulte des rapides

Après un dernier virage, le bateau plonge dans un torrent tumultueux et les visiteurs doivent affronter des rapides agités, où l’eau gronde, bondit et tourbillonne entre les parois rocheuses ! Il s’agit là de véritables sensations de rafting. Et attention, ça mouille vraiment, surtout à la première rangée et à la dernière rangée… La quatrième rangée, notamment à droite dans le sens de la marche, mouille aussi pas mal ! La section de rafting a été conçue par Hydrostadium, spécialiste de la création de parcours d’eau vive, qui a par exemple œuvré dans l’élaboration du stade d’eau vive des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Navigation en eau trouble

Parvenu au pied des rapides, le bateau glisse tout près d’un gouffre, si proche qu’on peut craindre de s’y engloutir. Puis soudainement, tout devient silencieux, peut-être trop… Une bulle d’eau géante surgit tout près de l’embarcation, accompagnée par un son inquiétant et inexpliqué. Est-ce une émanation de gaz de méthane, comme celles qui auraient fait chavirer des navires entiers dans le Triangle des Bermudes ? Porté par le courant, le bateau se dirige ensuite vers une gigantesque cascade qu’il va falloir franchir pour poursuivre la mission. Passé cet obstacle, les explorateurs découvrent une base militaire secrète abandonnée, et dérivent lentement vers un vortex géant qui tournoie à la surface de l’eau. Il faut s’échapper au plus vite avant d’être entraînés dans les profondeurs ! Comme attiré par une force aimantée, le bateau pénètre en marche arrière dans un bunker aux parois de béton massives. Cette zone qui constitue le climax de l’attraction est clairement la moins réussie de Mission Bermudes. Il manque un petit effet « waouh » ! On a un sentiment d’inachevé et de coupes budgétaires. Le Futuroscope en a pleinement conscience et sera à l’écoute des retours des visiteurs pour une éventuelle amélioration de cette zone.

À travers un portail spatio-temporel

Une fois à l’intérieur du bunker, les visiteurs sentent leur embarcation s’élever mystérieusement au cœur du bâtiment tout en pivotant, chaque rotation les amenant de plus en plus près du sommet. Il s’agit d’un passage que j’ai vraiment aimé, pour le côté « excitant » de la chose, mais aussi pour la superbe vue au sommet. Au terme de l’ascension, un portail spatio-temporel s’ouvre devant les explorateurs. Pour le traverser, il va falloir s’accrocher et plonger dans une chute de 16 mètres de haut à une vitesse atteignant plus de 60 km/h, pour finir sa course par un splash spectaculaire dans l’eau. Là aussi, petite déception, car il ne se passe absolument rien avant la chute. Seules l’ambiance sonore et l’explication audio permettent de comprendre ce qu’il se passe. Je précise que la chute est bien plus impressionnante vue de l’extérieur. Toute l’attraction a été pensée pour offrir des sensations accessibles à toute la famille (les enfants peuvent embarquer dès qu’ils font au moins 105 cm de hauteur). Afin de rajouter de la cinétique à la chute finale, deux « air-splash » ont été positionnés de chaque côté de la zone d’atterrissage.

D’une manière générale, Mission Bermudes est une très bonne attraction aquatique. Pour un ride 100% extérieur, la thématisation est très poussée et immersive (sauf lors du climax final comme vu précédemment). De plus, le site paysager conçu pour Mission Bermudes se distingue par une biodiversité riche, avec 4500 plantes réparties en 72 espèces différentes : arbres, palmiers, arbustes, plantes grimpantes, vivaces, aquatiques, dont un Jubea chinensis remarquable. Ce sont les équipes de création du parc qui ont sélectionné les espèces, en privilégiant des plantes adaptées au climat de la région et peu consommatrices d’eau, dans une logique de sobriété hydrique et d’entretien raisonné. Avec plus de 3400 m² végétalisés, ce paysage vivant est ponctué d’éléments minéraux forts comme des blocs et monolithes d’ardoise ou du paillage minéral, qui renforcent le caractère scénographique du lieu. L’audio embarquée dans les bateaux ajoute un vrai plus à l’expérience. Très clairement, s’il n’y avait pas eu l’ambiance musicale et sonore embarquée, l’expérience aurait été beaucoup moins intéressante et immersive. Mission Bermudes dispose aussi d’une version nocturne très travaillée. À la nuit tombée, chaque effet aquatique est illuminé et le portail spatio-temporel propose une ambiance lumineuse spécifique. L’expérience est totalement différente de jour ou de nuit.

© Futuroscope

Il faut également souligner qu’une attention particulière a été portée à la gestion de l’eau grâce à deux jardins filtrants, qui permettent de purifier naturellement les eaux des bassins de l’attraction par phytoépuration. Mission Bermudes est également équipée d’un système de régulation intelligent permettant d’ajuster le niveau de l’eau et la puissance des effets aquatiques en fonction des saisons et des conditions météorologiques. Par contre, dans la zone de rafting, le niveau et le débit de l’eau ne peuvent pas être modifiés. Cette section mouillera donc toujours de la même façon, été comme hiver !

Situé à proximité de Mission Bermudes, un nouvel espace de restauration à emporter est à disposition des visiteurs. Il est facilement identifiable grâce à son épave d’avion juchée sur son toit. Toute la décoration du Bermuda Bar & Food fait écho à la thématique du Triangle des Bermudes. La carte, inspirée par l’attraction, propose des recettes aux accents cubains réalisées sur place par les équipes de restauration du Futuroscope avec, entre autres, bocadillos, burger cubain, capirotada… De quoi ensoleiller les papilles et se régaler dans une explosion de fraîcheur et de saveurs authentiques !

Petite précision : l’ouverture officielle au public de Mission Bermudes se fera le samedi 28 juin 2025. D’ici là, des journées de « soft opening » seront organisées afin de roder l’attraction et les équipes.

Et après ? Le Futuroscope se projette déjà dans l’avenir avec son plan « Vision 2030 ». Dès 2026, une nouvelle attraction sera proposée dans le Pavillon 360°. Il s’agira d’une serre végétale associée à l’IA génératrice d’images. Le Futuroscope fera une nouvelle fois appel à l’entreprise Moment Factory, qui a déjà officié sur Les Abysses de Lumière de l’Aquascope. Cette même année, le pavillon de l’Omnimax devrait enfin être rénové. Pour 2028, une nouvelle montagne russe est attendue, nom de code « The Race », qui pourrait avoir la particularité de proposer des trains suspendus sous les rails où les passagers sont en position moto (projet qui ressemble à un concept déposé par Vekoma). Toujours en 2028, un nouvel ensemble hôtelier 4 étoiles doit voir le jour : 241 chambres, un lobby, un spa, un centre de séminaires, un bar, deux restaurants et un parking extérieur (360 places pour les visiteurs et 29 places pour le personnel).